Biographie

Je suis née et j’ai grandi à Port-au-Prince, en Haïti, au sein d’une famille de la classe moyenne comptant 4 frères dont je suis la benjamine. J’ai connu une enfance et une adolescence qu’on pourrait dire heureuse, marquées par un goût prononcé pour la lecture qui accompagnait mes rêveries de petite fille solitaire. Ma mère (grande lectrice devant l’Éternel) achetait des livres chez les bouquinistes du Marché en fer, au bas de la ville, qu’elle me passait sans aucune censure. De cette masse de lecture au choix guidé par le seul hasard, je garde encore vive l’impression que me firent, entre autres, L’auberge de la Jamaïque de Daphné du Maurier, L’amant de Lady Chatterley de D.H. Lawrence et Gouverneurs de la rosée de Jacques Roumain. Je me souviens aussi d’une promesse faite à moi-même d’écrire un livre, un jour…

Une promesse oubliée pendant un long temps car, à dix-neuf ans, je me retrouve sur le marché du travail et, quelques années plus tard, épouse et mère.

Ce n’est que vers le milieu de la trentaine que j’écris mes premiers vers, expression d’une musique intérieure qui cherche ses couleurs propres. Étape poétique vers l’écriture de la nouvelle et plus tard du roman ou je me sens désormais chez moi. Après la patiente construction d’un lectorat dans mon pays avec mes premières œuvres autoéditées, mes romans connaissent aujourd’hui une diffusion sur le marché francophone de la littérature. L’écriture me sort de mon pays. Je voyage.

Ecriture passion, écriture engagement qui ne s’est jamais démenti depuis. Mais passion entravée par le quotidien, le défaut de temps. Frustration existentielle. Presque tous les écrivains au monde la connaissent cette frustration. Celle qui met en tension constante le besoin d’espace dans la tête pour partir sur la route des mots et la routine d’un emploi pourvoyeur d’un salaire, la rigueur des horaires, la ronde des échéances.

Pourtant après le 12 janvier 2010, j’ai décidé de prendre le temps qui me manquait. De vivre pour et par ma passion d’écrire. Depuis ces 48 secondes d’un après-midi de janvier où la terre a tremblé et enseveli des centaines de milliers de vies autour de moi, j’ai décidé de me mettre totalement à la disposition de l’écriture. De libérer mon souffle. Le béton c’est aussi fragile que du papier quand les plaques tectoniques se rompent sous nos pieds. Il y a urgence. Je décroche. Un saut dans le vide. Un acte de foi en la vie .